Le blanchiment externe, tel que décrit par Haywood dans son article de 2017, a une efficacité prouvée et répond efficacement à un souhait de bon nombre de patient d’avoir les « dents plus blanches ». La technique décrite dans l’article consiste en un éclaircissement ambulatoire avec des gouttières à porter la nuit et un produit de blanchiment à base de 10% de péroxide de Carbamide. Autrement dit la méthode de blanchiment vital la plus communément employée.
Malgré ce souhait de nos patients, plusieurs barrières existent à la réalisation d’un tel soin. Pour des raisons logiques, un blanchiment qui est un soin esthétique, ne peut pas être réalisé en présence de pathologies. Le blanchiment est donc toujours précédé d’un examen dentaire en bonne et due forme, pouvant mettre en évidence le besoin de thérapie cariologique, parodontale ou d’hygiène, endodontique, prothétique ou autre. S’en suit le coût du blanchiment impliquant le travail du médecin dentiste, le laboratoire, et le prix du produit de blanchiment. Enfin, un des obstacles les plus significatifs, est la douleur occasionnée.
Nous l’avons mentionné, le blanchiment externe implique l’utilisation d’une concentration relativement basse de Péroxyde de carbamide, permettant la libération progressive de Péroxyde d’hydrogène. Cet H2O2 est responsable d’une sensitivité dentaire d’une part, et gingivale d’autre-part.
La sensibilité dentaire, la plus ennuyeuse, est apparentable à une pulpite réversible: le H2O2 est capable de traverser aisément l’émail et la dentine (5-15 minutes à en croire le travail de Cooper & al 1992). Elle est proportionnelle à la concentration du produit de blanchiment (d’où le choix d’une concentration la plus basse disponible sur le marché, de 10% de péroxyde de carbamide), et dépend aussi grandement du patient lui même (histoire de sensibilité et utilisation plus fréquente que une fois par jour du matériel de blanchiment). La sensibilité gingivale est la plus facile à gérer avec la confection d’une gouttière ne frottant pas le tissu et là aussi, d’une concentration en produit la plus basse possible.
Les précautions d’usages employés dans la gestion de la douleur dentaire consistent principalement en l’utilisation d’agents de désensibilisation pulpaire, capables aussi de pénétrer la dent et réduire l’excitabilité des cellules nerveuses pulpaire pendant le cycle de la douleur. Un excellent exemple est le Nitrate de Potassium que l’on peut retrouver dans les produits de blanchiment lui-même, dans les dentifrices prévus à cet effet. Il est même possible d’utiliser la gouttière de blanchiment pour appliquer ce Nitrate de potassium (sous forme de dentifrice ou non) pendant 10-30 minutes.
Le problème de la douleur associée au Bleaching semble être un problème complexe, impliquant une compréhension intime des produits, de l’organe pulpaire et des mécanismes de la douleur. Cependant Jean-Pierre Attal, dans le message
N.21 de son blog, décrit une méthode simple et de bon sens pour éviter un tel désagrément dans la « quasi-totalité des cas ».
Dans un article de Cardoso & al 1939 (antant dire qu’on avait tout le temps de le lire…), les chercheurs ont démontré d’une part quelque chose que nous savons tous déjà: plus le patient expose ses dents au Carbamide, plus le risque de sensibilité est grand. Passé l’évidence, une deuxième constatation des chercheurs est marquante: une heure d’exposition au produit de blanchiment a un effet similaire à 8 heures d’exposition.
Ainsi le Dr. Attal dans son article, au lieu d’inviter le patient à porter ses gouttières toute la nuit dès le début du soin, propose les instructions suivantes:
« Portez les gouttières 1 heure le premier soir. Puis si aucune sensibilité n’apparaît, passez à 2 heures le 2ème soir. Augmenter progressivement jusqu’à 3 heures le soir, voire toute la nuit si vous les supportez. A tout moment si des sensibilités apparaissent repassez à la durée qui ne vous procurait aucune douleur «
Ces instructions impliquent que le patient sans sensibilité ne portera pas la gouttière une nuit entière que pendant 3 à 4 soirs, soit une période peu significative à l’échelle de tout le soin. Par contre, le patient qui est enclin à avoir des douleurs s’arrêtera assez tôt à une durée de port de la gouttière (qu’elle soit de 1, 2 ou 3 heures,) donnant encore un résultat adéquat.
Sources:
- Haywood VB, Sword RJ. Tooth bleaching questions answered. Br Dent J. 2017 Sep 8;223(5):369-380. doi: 10.1038/sj.bdj.2017.767. PMID: 28883600.
- Li Y, Greenwall L. Safety issues of tooth whitening using peroxide-based materials. Br Dent J. 2013 Jul;215(1):29–34.
- Carey CM. Tooth Whitening: What We Now Know. J Evid Based Dent Pract. 2014 Jun;14:70–6.
- Cooper J S, Bokmeyer T J, Bowles W H. Penetration of the pulp chamber by carbamide peroxide bleaching agents. J Endod 1992; 18: 315–317.
- Cardoso PC, Reis A, Loguercio A, Vieira LCC, Baratieri LN. Clinical effectiveness and tooth sensitivity associated with different bleaching times for a 10 percent carbamide peroxide gel. J Am Dent Assoc 1939. 2010 Oct;141(10):1213–20.