Le but du traitement endodontique est de prévenir ou guérir la parodontite apicale. On pourrait ainsi considérer un traitement cariologique comme une thérapie endodontique, car elle vise en partie à éviter ou à soigner une pathologie pulpaire (Pulpite réversible, irréversible, ou nécrose) en contrôlant la charge bactérienne dans le complexe dentino-pulpaire.
La pulpe est en effet la meilleure obturation canalaire qui existe. Elle présente de nombreuses propriétés que nous ne pourrions probablement jamais reproduire avec des produits synthétiques dont notamment une capacité de défense immunitaire, de sensibilité et d’apposition dentinaire en cas de problèmes, d’humidification de la dentine, et j’en passe. Ces propriétés intéressantes expliquent en partie tous les efforts investis dans les techniques de régénération pulpaire, bien que le résultat des études soient discutables d’un point de vue histologique ou de critères de succès thérapeutique (discussion pour un autre épisode).
Nous voilà donc en endodontie dans notre situation précaire, à tenter de gérer une anatomie pulpaire complexe avec des produits aux viscosités variables. Un produit en particulier semble avoir fait preuve d’une résilience remarquable: la Gutta Percha. Composée principalement d’oxyde de Zinc et de la gomme du même nom, la « GP » est à la base de presque toutes les techniques d’obturations canalaires dans notre arsenal thérapeutique (à l’exception bien sûr de la régénération pulpaire susmentionné et des obturations direct avec des produits bio-actifs tels que le MTA) et existe depuis près de 200 ans.
Elle présente tout de même un certain désavantage stratégique. D’une part, elle se contracte au refroidissement, ce qui implique une certaine expertise quand il s’agit de l’injecter et la compacter dans un canal. D’autre part elle n’adhère pas aux parois canalaires et nécessite donc une phase intermédiaire capable de lui adhérer ainsi que aux parois canalaires. D’où par exemple la venue des ciments à base d’oxyde de zinc qui arriveraient à se lier à ce même oxyde présent majoritairement dans le cone.
Malgré ces désavantages, couplé à un ciment, la GP constitue le Gold Standard de l’obturation canalaire pour des raisons de bio-compatibilité, non toxicité, absence d’allergie et facilité de ré-intervention. La principal variable entre les techniques d’obturations existantes résident dans:
- La façon dont la GP est appliquée dans le canal
- Le type et la quantité de ciment utilisé
Ainsi, en jouant sur ces 2 variables, nous pouvons créer un myriade de techniques différentes. Celles que nous retiendrons dans cette discussion sont les suivantes:
- La technique du monocone (le cône étant tout de même bien adapté au canal à obturer)
- La condensation latérale à froid
- La condensation verticale à chaud
Elles ont toutes les mêmes buts: éviter la recontamination de l’espace canalaire et fossiliser les bactéries qui pourraient encore y être présentes à l’issue du traitement . Pour y arriver il est nécessaire d’avoir une fermeture hermétique de cet espace (en anglais le fameux « fluid tight seal »), verticalement et latéralement, avec des produits les plus dimensionnellement stables.
Nous verrons dans les prochains articles la logique derrière ces différentes méthodes, leur efficacité, l’influence des nouveaux matériaux sur ces méthodes.
Sources:
- https://www.swissdentaljournal.org/fileadmin/upload_sso/2_Zahnaerzte/2_SDJ/SDJ_2016/SDJ_2_2016/SDJ_201 6-02_materialien_F.pdf
- Nouroloyouni A, Samadi V, Salem Milani A, Noorolouny S, Valizadeh-Haghi H. Single Cone Obturation versus Cold Lateral Compaction Techniques with Bioceramic and Resin Sealers: Quality of Obturation and Push-Out Bond Strength. Int J Dent. 2023 Jan 17;2023:3427151. doi: 10.1155/2023/3427151. PMID: 36704662; PMCID: PMC9873427.